Et ils conduisent du mauvais côté de la route !

Aujourd’hui je vous propose un petit retour sur certaines notions que j’ai abordées dans ce blog à propos de l’expatriation en France et plus généralement de la rencontre avec une autre culture. Cela concerne donc un peu tout le monde, que l’on soit expatrié(e), parti(e) en vacances à l’étranger ou tout simplement « bien chez nous » mais avec des étrangers qui arrivent dans le voisinage.

Au cours de mes divers voyages et en fréquentant des étrangers en France, il m’est souvent arrivé de penser, de dire ou d’entendre dire que « ici ils conduisent du mauvais côté » 🙂

Ils conduisent du mauvais côté !

Et c’est sur cette petite phrase, presque anodine, que je voulais m’arrêter aujourd’hui.

En effet, dans des articles précédents, je vous ai parlé de choc culturel, de différences culturelles et même d’acculturation (qui évoque simplement la rencontre de plusieurs cultures, donc de façons de faire différentes). Et ce matin, alors que je me promenais dans la rue, cette phrase m’est revenue « ils conduisent du mauvais côté de la route ! ».

En cela, je fais allusion aux pays dans lesquels on conduit à droite et ceux dans lesquels on conduit à gauche. Et il est vrai que lorsque l’on voyage dans un pays où l’on conduit « de l’autre côté », cela demande un certain temps d’adaptation même pour un simple piéton : regarder correctement avant de traverser la route, bien voir arriver les voitures. Et pour ce qui est de la conduite ! Cela peut être drôle (déclencher les essuie-glace au lieu du clignotant), parfois gênant (se mélanger dans les vitesses) et parfois dangereux (ne pas aborder les ronds-points correctement ou se retrouver par inadvertance à conduire à contre-sens).

Bref, autant de risques qui sont bien réels et que je ne veux pas nier. Mais ce qui m’intéresse aujourd’hui, ce sont ces petites phrases à propos de ces gens qui « conduisent du mauvais côté », « ne sont pas du bon côté », « conduisent à l’envers » et au final sont assez mal organisés !

Et là encore, il me semble tout à fait intéressant de prendre quelques minutes pour réfléchir à ce que l’on dit et à ce que l’on pense. « Le mauvais côté de la route ».

Vraiment ?

Les routes ont été créées par Dame Nature ou Dieu, elles sont là depuis l’origine du monde et elles ont été livrées avec « un bon sens » pour les utiliser, voire même « LE bon sens » ?!!!

Ne s’agit-il pas plutôt d’une construction de l’homme ? Et donc de quelque chose qui est culturellement marqué ? Et donc qui est arbitraire ? Et donc qui ne repose pas sur grand-chose à par des conventions et des décisions faites à un moment ?

Et donc au final, de quelque chose qui est subjectif… et modifiable.

Bain culturel et formatage de nos pensées

Et oui ! Nous sommes bien là devant un magnifique exemple de présupposé culturel, d’ingestion des normes et des codes culturels sans même nous en être aperçu(e). Et nous voilà parti(e) en croisade contre ces hérétiques qui ne savent même pas de quel côté on doit conduire ! Alors que nous, on sait, puisque fatalement, dans notre culture, on conduit du « bon côté ». Forcément, c’est notre culture, c’est la meilleure.

Si je me suis appuyée sur cet exemple aujourd’hui, c’est parce qu’il illustre bien des concepts de l’interculturel que je vous ai déjà présentés et qui peuvent parfois sembler un peu abstraits. Or, il n’en est rien. L’interculturel est très pratique et les concepts abordés dans ce domaine sont très importants pour toute personne confrontée à une autre culture : via les voyages, les vacances, l’expatriation ou l’apprentissage d’une langue.

Car oui, quand on apprend un langue, on est confronté à une autre culture, une langue ne s’apprend pas de façon hermétique en alignant des mots vides de contexte culturel. Même en tant qu’apprenant, on peut avoir tendance à juger depuis la lumière de notre propre culture. Alors, amis de l’interculturel, souvenez-vous que tout n’est que culture, tout est relatif, tout est construit.

Prendre du recul

Et on arrive où avec tout cela ?

Et bien si vous êtes capable d’identifier de telles pensées, alors vous êtes sur la bonne voie pour mieux vivre une relation interculturelle, que ce soit pour quelques jours ou plusieurs années. Ainsi, la prochaine fois que vous vous surprendrez à penser que « ils ne font pas comme il faut », que « ce n’est pas comme ça qu’il faut faire » ou encore que « ils sont du mauvais côté de la route », et bien faites une petite pause, observez votre pensée, remettez-la à sa place.

Si nous avons tous des pensées de la sorte, il faut veiller à ne pas leur donner trop d’importance et à les remettre dans leur contexte si on veut garder l’esprit ouvert nécessaire à toute découverte interctulturelle positive, que ce soit « en vrai » dans le pays, ou de façon un peu plus virtuelle à travers des livres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *