Entre « ici » et « là-bas », il y a un beau chemin : conseils pour appendre le français

Un peu énigmatique comme titre ! Et pourtant, voilà un billet qui ne vous veut que du bien !

Vous l’aurez remarqué, j’ajoute de temps en temps à mes billets sur la langue française, des textes et des informations qui relèvent plutôt des stratégies d’apprentissage. En effet, après des années et des années à réconforter, encourager, écouter mes apprenants, je pense qu’il peut être utile que je partage, avec vous, ma vision de l’enseignement / apprentissage d’une langue aux adultes, cette vision qui m’a permis d’aider de nombreux étudiants à améliorer leur niveau de français.

Apprendre le français, c’est aussi se faire plaisir

Je suis fermement convaincue qu’apprendre une langue, ce n’est pas seulement ingurgiter des tableaux de conjugaison et de l’orthographe. Loin de là, oserais-je dire. Apprendre une langue étrangère, c’est avant tout vivre son apprentissage de façon positive et épanouie afin d’être réceptif(ve) et de mettre toutes les chances de son côté.

On apprend bien quand on se sent bien.

En revanche, on apprend très mal (voire pas du tout), quand on se sent mal dans son cours, mal face à son professeur ou encore mal face à ses cahiers.

Du coup, tout ceci m’amène à vous parler ici de ce qui entoure l’apprentissage d’une langue étrangère quand on est adulte, tout ce qui est souvent repoussé encore plus vers l’extérieur, et qui pourtant s’avère être central à un bon apprentissage.

Et aujourd’hui, je veux aborder avec vous la notion du cheminement.

Apprendre le français, c’est un long chemin

En tant qu’apprenant, vous êtes « ici ». Cela signifie que vous avez un certain niveau, vous savez dire certaines choses, mais il vous manque encore des choses. Et c’est normal, sinon à quoi servirait votre professeur ?! Pour chacun d’entre vous, « être ici » signifie être « B2 », « C1 » ou encore « C2 ». Chaque apprenant a son propre « ici » en fonction de son rythme d’apprentissage, de sa progression et de la durée de son apprentissage.

En clair, votre « ici », c’est le résultat que vous auriez si on vous faisait passer un test 🙂

Le but de tout apprentissage est donc de partir de ce « ici » pour aller vers un « là-bas ». « Là-bas » étant votre objectif, qu’il s’agisse de passer un examen, comprendre la langue et la culture, mieux écrire ou pouvoir vous exprimer à l’oral par exemple.

Et bien sûr, entre « ici » et « là-bas », il y a tout un chemin. Plus ou moins long, plus ou moins facile, qui fait plus ou moins envie.

C’est donc de ce chemin (ou cheminement) que je veux vous parler aujourd’hui. Je veux tout particulièrement insister sur le fait qu’il est primordial, essentiel, de profiter de ce chemin. Il faut être prêt à suivre ce chemin, il faut avoir la patience de l’accepter, de le suivre, de le faire.

C’est seulement en acceptant de profiter du cheminement qui vous mènera de votre niveau actuel vers votre niveau désiré que vous pourrez être épanoui dans votre apprentissage et progresser encore plus.

Mais malheureusement, trop souvent, je vois des apprenants qui sont « ici » et ne rêvent que d’être « là-bas », à l’arrivée. Ils veulent déjà tout connaître, tout savoir, être bilingue et bien comprendre la culture.

À cause de cela, ils détestent « ici ». Ils ne supportent pas de ne pas bien s’exprimer, ils sont frustrés, en colère contre eux-mêmes, souvent démotivés. C’est aussi à cause de ces sentiments négatifs qu’ils ne peuvent pas voir qu’ils progressent. Ils ont tendance à minimiser leurs avancées et leurs réussites, parce qu’ils ne sont pas encore « là-bas ».

En agissant ainsi, ils se font beaucoup de mal et se compliquent la vie. Ils se considèrent comme des « petits enfants », « ridicules », ils pensent qu’ils ne « peuvent pas parler », que personne « ne les comprend ».

Si vous vous reconnaissez dans certaines de ces descriptions, respirez un grand coup, prenez un peu de recul. Oui, apprendre une langue étrangère quand on est adulte peut être très frustrant, et oui, c’est difficile. Mais en tournant en rond sur des pensées négatives, vous vous déconcentrez, vous refusez de voir toutes vos petites victoires, vous oubliez que même la plus grande randonnée en montagne n’est qu’une succession de petits pas. Et à chaque fois que vous faites une meilleure phrase, que vous retenez un mot, vous faites un pas. Et ce pas vous mènera plus loin et vous permettra de faire le prochain pas.

Soyez indulgent(e) envers vous, regardez vos avancées, célébrez vos progrès, reconnaissez vos petits pas, et souvenez-vous que même Rome ne s’est pas faite en un jour 🙂

Vous avez le droit de vous reposer

Oui ! Revendiquez ce droit ! Vous êtes un(e) apprenant(e) et vous êtes aussi un être humain avec ses forces et ses faiblesses. Comme pour tout le monde, il y a « les jours avec et les jours sans », c’est-à-dire les jours où tout va bien et les jours où tout va de travers. Laissez de la place pour votre vie. Acceptez votre humanité, vous n’êtes ni des esclaves, ni des robots. Vous passez une mauvaise journée, votre emploi du temps a été bousculé ? Reposez-vous un moment, vous reprendrez votre travail plus tard. Il est inutile de s’acharner et de s’épuiser. Cela fait aussi partie des stratégies qui vous permettront de progresser et d’aller « d’ici » à « là-bas ».

Planifiez vos temps d’apprentissage

L’un des concepts les plus importants dans l’apprentissage d’une langue étrangère est la régularité. Il est donc important, quand on a une vie d’adulte déjà bien remplie, de planifier du temps qui sera dédié à l’apprentissage du français. N’attendez pas qu’une plage horaire se dégage « comme par miracle ». Non. Créez votre propre bulle d’apprentissage. Soyez ferme car il faudra sûrement lutter contre tous les impératifs d’une vie déjà bien remplie. Mais si vous ne pensez pas à l’avance et de façon stratégique à « quand » vous allez étudier entre deux cours, vous aurez de fortes chances de passer d’une leçon à une autre en n’ayant pas travaillé votre français entre les deux. Et là, les choses pourraient devenir plus difficiles car vous risqueriez de stagner dans votre « ici » et de vous frustrer encore plus.

Pensez, encore une fois, à l’analogie avec une randonnée. Vous ne vous réveillez pas, un beau matin, face à une montagne inconnue, en vous disant « tiens, aujourd’hui, je monte tout en haut ». Et vous ne partez pas sans vous préparer, sans avoir de carte ou de GPS, sans eau ni bonnes chaussures.

Pour apprendre le français en tant qu’adulte, c’est la même chose. Vous ne pouvez pas penser que « par miracle », vous allez pouvoir trouver du temps pour apprendre, que les choses vont aller bien tranquillement. Vous devez « penser » à votre apprentissage, vous devez vous organiser, vous devez dégager un peu de temps pour apprendre, réviser, vous entraîner. Sinon, comme le randonneur mal préparé, vous vous exposez à une expérience désagréable.

Pour les plus surmenés d’entre vous

Ceci étant dit, je comprends tout à fait que pour certains d’entre vous, cet apprentissage de la langue française n’est pas choisi mais plutôt obligé (d’où un niveau de motivation assez bas), et que vous avez une vie vraiment très remplie. Dans un tel cas, pourquoi ne pas opter pour une mise en contact plus douce avec la langue ? Vous pouvez par exemple écouter la radio en allant au travail, en surveillant votre enfant au parc ou en cuisinant. Vous pouvez regarder la télévision en langue française pendant quelques minutes, histoire de garder un contact avec la langue. Vous pouvez également prendre quelques minutes pour consulter les titres de la presse française, juste les titres. Ce n’est pas grand-chose, mais cela vous permettra de voir de la grammaire en contexte et d’apprendre du vocabulaire.

Il en faut peu pour s’organiser et pour se donner la permission d’aller « d’ici » à « là-bas » tout en appréciant le chemin.

Je viens de vous donner quelques conseils, j’y reviendrai plus tard, mais réfléchissez déjà à ce que vous pouvez mettre en oeuvre pour vous aider.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *