Apprentissage du français : comment préserver le statut d’adulte de nos apprenants ?

L’une des clefs de l’enseignement / apprentissage du français aux adultes, et notamment aux expatriés, est la préservation de leur statut d’adulte. En effet, en tant qu’enseignant(e) de langue aux adultes, nous ne sommes pas face à des étudiants qui poursuivent leurs études “sur leur lancée”, ni face à des personnes qui se retrouvent en position d’apprenant par amour de la langue française.

Bien au contraire, nous sommes face à des adultes suffisamment éduqués et spécialisés dans leur domaine professionnel pour que leur expertise soit valorisée à l’international. Nous sommes également face à des adultes ayant terminé leur cursus d’études et qui sont lancés dans une autre phase de leur vie.

De cette situation découle, selon moi, l’un des paradoxes inhérents au cours de langue française pour les expatriés. Comment concilier : 

  • Une situation d’enseignement / apprentissage, donc une situation codifiée, avec un cadre décisionnel et interactionnel strict, une hiérarchie établie d’un côté.
  • Et de l’autre, un rapport entre un apprenant-client hautement formé, parfois même plus âgé que son enseignant, mais peu qualifié dans la langue de son pays d’accueil ?

 

Une clef que j’ai trouvée au cours de ma pratique enseignante, est de laisser à l’apprenant un maximum de latitude en matière de thèmes de cours et de stratégies d’apprentissage. Il s’agit donc, à travers une démarche consciente et volontaire de l’enseignant, d’offrir à son apprenant une réelle place dans la coconstruction du cours. Vaste sujet sur lequel je reviendrai, mais que je propose d’illustrer aujourd’hui avec un exemple bien précis.

 

Le travail de correction d’un texte

La semaine dernière, j’ai demandé à l’une de mes étudiantes de résumer et donner son opinion à propos d’un article de presse traitant du surtourisme en France. 

Comme bien souvent dans ces cas, lorsque l’on demande à un étudiant de rédiger un texte relativement libre, on le fait s’exposer à un plus grand “risque” d’erreurs. Or, cela est très intéressant du point de vue de l’enseignant, car les erreurs renseignent très finement sur le niveau réel de l’ apprenant, et donc les adaptations à apporter au contenu / rythme des apprentissages  : 

  • Peut-il appliquer ce qui a été vu de façon plus abstraite dans des exercices fortement formatés ? 
  • Parvient-il à réemployer son vocabulaire dans des contextes variés ? 
  • Qu’en est-il des emplois de la conjugaison ou de son niveau d’orthographe ? 
  • Quels progrès peut-on noter ? 
  • Quelles difficultés émergent ?

 

Ce style d’activité permet à l’apprenant de tester ses capacités, de s’aventurer sur de nouveaux territoires linguistiques et de toucher la fameuse “authenticité” dont il est tant question dans les débats pédagogiques.

Cependant, le taux de risque entraînant plus d’erreurs, il en va de même des corrections. Tout dépend du niveau de l’apprenant, mais à partir d’un certain niveau, ne pas proposer de correction fine n’aide pas vraiment notre apprenant à progresser. Or, proposer une correction fouillée, précise et étayée peut paradoxalement le “noyer” ou le décourager.

L’une des stratégies que j’adopte dans de tels cas, en accord avec l’apprenant, est de  lui laisser, ouvertement, le choix des corrections à revoir. 

Si je reprends l’exemple que je viens d’évoquer, j’ai bien pris soin de préciser à mon étudiante que :  

  • Son taux d’erreurs était tout à fait normal par rapport à son niveau.
  • Qu’il s’agissait du terreau d’un futur travail d’approfondissement linguistique.
  • Qu’il n’y avait pas urgence à tout mémoriser.
  • Qu’elle était libre d’en choisir quatre ou cinq à travailler.

 

À partir de là, lorsque des habitudes de travail ont pu se mettre en place au sein d’une relation de confiance, d’adulte accompagnant à adulte accompagné, l’apprenant se sent de plus en plus à l’aise avec ce type de fonctionnement. D’une part, il intègre que ses erreurs sont véritablement sources de travail, et d’autre part, il avance plus librement, à son rythme et en fonction de son ressenti, dans son apprentissage.

 

Si vous souhaitez aider vos personnels expatriés à apprendre le français dans des conditions optimales, je propose des cours particuliers, en ligne, spécialement adaptés aux adultes expatriés dans lesquels nous traitons aussi bien les problématiques linguistiques qu’interculturelles, dans le respect de leur statut d’adulte.

 

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