On continue notre série chocolat / langue française. Je m’occupe du chocolat, et on travaille le français ensemble 🙂
Voilà la citation du jour :
« On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte, et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère.«
Denis DIDEROT
Alors, qu’en pensez-vous ? Cette fois-ci, il n’y a pas de problème grammatical. Tout va bien de ce côté.
Le sens de cette citation
Diderot nous fait remarquer que nous avons une certaine tendance à préférer entendre des compliments, même si ce sont des mensonges plutôt que de s’entendre dire une vérité qui nous déplaît (déplaire = ne pas plaire = ne pas apprécier).
Bref, on préfère souvent de faux compliments qui nous font passer pour des gens bien, plutôt que les vérités qui sont parfois un peu moins belles…
Le pronom relatif « qui »
Petite pause grammaticale (et oui !), nous avons dans cette citation deux pronoms relatifs « qui ». Le pronom relatif « qui » est le pronom relatif sujet, ce qui signifie qu’il reprend le sujet de la phrase :
La femme qui parle est ma voisine : qui = la femme.
Les femmes qui parlent sont mes voisines : qui = les femmes
On conjugue donc le verbe en l’accordant avec le sujet.
Le « l' »
« On avale »… « et l’on boit »…
Comprenez-vous pourquoi il y a « on » et « l’on » dans la citation ?
« On avale à pleine gorgée… »
« et l’on boit goutte à goutte… »
Et bien il s’agit d’un « l » qui est ajouté pour une question stylistique et phonétique. L’enchaînement « et on » est un peu trop rude / sec à l’oreille, ce n’est pas très élégant. D’une façon générale, la langue française n’apprécie pas vraiment les enchaînements phonétiques « voyelle » + « voyelle », c’est pour cela que les liaisons sont très importantes à l’oral, et c’est aussi pour cette raison que des formes comme : « il va à Paris : Va-t-il à Paris ? » existent. Des consonnes sont ajoutées dans certains cas afin de permettre la présence d’un enchaînement « voyelle-consonne-voyelle ».
Dans le cas qui nous occupe ici, le « l » est ajouté pour la même raison. Il est grammaticalement juste de dire « et on boit », mais plus élégant et doux de dire « et l’on boit ».
Denis DIDEROT
Connaissez-vous Denis DIDEROT ? Il s’agit de l’un (notez : de l’un au lieu d’un !) des philosophes du 18ème siècle : les philosophes des Lumières.
Parmi ces philosophes, on retrouve par exemple Rousseau, Voltaire, Montesquieu. Ils se sont attachés à défendre et véhiculer des idées de liberté, d’égalité entre les personnes. On peut dire que les philosophes des Lumières étaient des défenseurs des droits de l’homme mais aussi d’un certain esprit rationnel et scientifique.
Denis DIDEROT était l’un d’eux, mais il n’était pas uniquement philosophe. Il était également auteur de romans, pièces de théâtre et autres écrits. Il a dirigé (en collaboration avec Jean d’ALEMBERT) l’édition de l’Encyclopédie.
L’Encyclopédie est un ouvrage dont la création s’étend sur plusieurs décennies. Le but de l’Encyclopédie était de présenter un « dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers ». Il s’agissait à travers l’Encyclopédie, de présenter tout ce que la science connaissait à cette époque. Immense entreprise, tant scientifique que philosophique, car vous aurez noté que le sous-titre de l’Encyclopédie contient « raisonné ». Raisonner = réfléchir avec raison, réfléchir de façon logique, cohérente, argumentée.
Il s’agissait donc d’un projet extrêmement ambitieux qui a réuni les contributeurs les plus brillants du 18ème siècle.
Voilà pour ma petite histoire de papillotes du jour 🙂