Harceler et harcèlement
Le verbe « harceler » et le nom commun qui lui est corrélé désignent le fait (selon Le Robert ou encore Larousse) de soumettre constamment quelqu’un à de petites attaques et d’incessants désagréments.
Conjugaison a une alternance phonétique causée par l’accent grave lorsque le « l » est suivi d’un « e muet ». Par contre, le verbe « harceler » ainsi que les noms « harcèlement » et « harceleur » ont un « h aspiré » (celui qui ne se prononce pas mais interdit de faire la liaison). Par conséquent, on le conjugue comme suit au présent de l’indicatif, futur simple et imparfait :
- Je harcèle Je harcèlerai Je harcelais
- Tu harcèles Tu harcèleras Tu harcelais
- Il harcèle Il harcèlera Il harcelait
- Nous harcelons Nous harcèlerons Nous harcelions
- Vous harcelez Vous harcèlerez Vous harceliez
- Ils harcèlent Ils harcèleront Ils harcelaient
Harasser, harassement, se faire harasser en français
Ces mots sont à la base de fréquentes confusions : harassement, être harassé, harasser.
De nos jours, « harasser », et ses dérivés, signifie « être épuisé de fatigue ». Or, je note chez mes étudiants parlant anglais qu’ils confondent souvent avec la signification anglaise de « harassment » (harcèlement en français).
Être harassé est donc un faux-ami. Lorsque vous êtes harassé, vous n’êtes pas harcelé, mais vous êtes écrasé par la fatigue ou par une forte charge de travail par exemple. Cependant, grâce à une recherche dans mon dictionnaire historique de la langue française, j’ai pu voir que le verbe « harasser » avait bel et bien signifié « harceler », mais au début du 16ème siècle. Depuis, son acception (sa signification) a évolué pour ne garder que le sens d’extrême fatigue.
Sur cette photo, on voit que la petite fille est totalement harassée 🙂
Du coup, « se faire harasser » n’est pas très logique et vous vous en rendrez immédiatement compte si vous remplacez « harasser » par un synonyme comme « exténuer ».
Trouvez-vous correcte la formulation : « se faire exténuer » ?
Non, pas vraiment et vous avez tout à fait raison. On ne peut pas se faire fatiguer, on peut être fatigué, on peut fatiguer quelqu’un par notre comportement par exemple, mais on ne se « fait pas fatiguer ».
Exemples d’énoncés avec « harasser », « harassement », « harceler »
Voici quelques exemples de phrases utilisant « harassé », « harassement » et « harceler » dans des contextes différents pour bien saisir leurs nuances :
1. Harassé
- Après une longue journée de travail intense, il rentra chez lui, harassé et incapable de faire quoi que ce soit d’autre que de s’allonger.
- Les marathoniens, harassés par l’effort, franchirent la ligne d’arrivée avec les dernières forces qui leur restaient.
- Harassée par les responsabilités familiales et professionnelles, elle ressentait un besoin urgent de repos.
2. Harassement
- C’est avec harassement qu’il acheva son projet, accumulant fatigue sur fatigue sans relâche.
- Elle traversa la journée avec harassement, accablée par les tâches qui ne semblaient jamais s’arrêter.
- Il écoutait le récit de son ami avec harassement, éprouvé par le récit long et épuisant des événements.
3. Harceler
- Elle avait l’impression que les tâches à accomplir ne cessaient de la harceler, s’accumulant sans lui laisser de répit et augmentant son stress et son angoisse à chaque instant.
- Harcelé par les questions incessantes des journalistes, il finit par quitter la salle sans un mot.
- Il n’est pas acceptable de harceler quelqu’un au travail ; chacun a droit à un environnement sain et respectueux.
Chacune de ces phrases utilise les mots dans des contextes qui soulignent la fatigue, l’épuisement ou la pression, que ce soit au sens physique ou psychologique.
Pourquoi est-il important d’apprendre le vocabulaire d’une façon très fine en maîtrisant les nuances quand on étudie le français et que ce n’est pas notre langue maternelle ?
L’apprentissage précis du vocabulaire français et de ses nuances est crucial pour plusieurs raisons fondamentales lorsqu’on est apprenant étranger :
- Premièrement, le français est une langue particulièrement riche en nuances. Des mots comme « regarder », « observer », « contempler » et « dévisager » décrivent tous l’action de voir, mais avec des intensités et des intentions très différentes. Maîtriser ces subtilités permet d’exprimer précisément sa pensée.
- Deuxièmement, les faux amis et les connotations culturelles peuvent créer des malentendus embarrassants ou des contresens. Par exemple, être « déçu » est moins fort qu’être « consterné », et cette distinction peut changer complètement la perception de votre message.
- Troisièmement, le registre de langue en français est particulièrement stratifié. Utiliser « manger » ou « se sustenter » ou « bouffer » révèle immédiatement votre niveau de formalité et votre position sociale dans une conversation.
Cette finesse linguistique améliore non seulement la communication, mais facilite aussi l’intégration culturelle et professionnelle. Les francophones apprécient particulièrement l’effort des étrangers qui s’attachent à respecter ces nuances, ce qui ouvre davantage de portes sociales et professionnelles.
Enfin, cette précision lexicale enrichit considérablement l’expérience de lecture et de compréhension des œuvres littéraires, cinématographiques et culturelles françaises, permettant d’accéder pleinement à leur profondeur.