Apprentissage d’une langue étrangère et inconfort

En voilà un thème !

J’ai décidé de l’aborder avec vous aujourd’hui car si c’est un thème important, voire omniprésent, il est cependant passé sous silence la plupart du temps.

Apprendre une langue étrangère, qu’il s’agisse du français langue étrangère ou de n’importe quelle autre langue, quand on est adulte, représente un défi de taille. Cela nécessite de retourner en situation d’apprentissage, de se remettre en posture d’apprenant, de replonger dans une situation hiérarchique dans laquelle on occupe la position basse. On apprend, on écoute, on est celui / celle qui ne comprend pas, on suit des directives, on fait le travail qui nous est demandé / imposé, on se fait corriger, on se fait reprendre, on se fait évaluer, on parle sur des thèmes imposés et on parle quand on a le droit de parler.

Quel bonheur !!

Là où les choses peuvent devenir un peu plus délicates, c’est qu’en général, à l’extérieur du cours de langue on est un adulte qui a un certain degré d’autonomie et de certitudes. On a fait des études dans un domaine, on est qualifié(e), on peut exercer des responsabilités, on peut avoir l’habitude d’être le point dominant dans une situation hiérarchique (diriger, encadrer, donner des ordres, gérer), on est parfaitement capable de s’exprimer, on peut nuancer ses propos, parler, répondre, écrire. Bref, on a une certaine indépendance.

Et le retour en cours de langue pour un adulte signe une certaine perte d’indépendance. Il faut être conscient que prendre des cours de langue peut générer un certain inconfort. Comme toutes les émotions, si on sait qu’il est possible de la ressentir, on sera bien mieux préparé à y faire face que si on l’ignore. Savoir que reprendre le chemin de « l’école » va générer un certain inconfort, permet de voir venir cet inconfort et permet surtout d’y faire face.

Lorsque l’on sait à quoi s’attendre, on peut s’y préparer. Quand arrive le sentiment d’inconfort et qu’on l’attendait, on peut l’identifier, on peut le reconnaître, on peut le nommer. Et à partir de là, on a déjà fait une bonne partie du travail.

Savoir que l’inconfort arrivera à un point ou à un autre permet de relativiser et de mettre de la distance. Au lieu de se dire « je n’y arriverai jamais », « c’est nul », « c’est trop difficile », « qu’est-ce qui ne vas pas chez moi ? », on peut se dire « je me sens déçu, mais c’est normal », « je n’ai pas réussi, mais ce n’est pas grave », « j’ai eu faux à mon exercice, mais c’est normal quand on apprend ».

Car oui, apprendre demande de se tromper. Si on avait toujours tout juste, on n’aurait pas besoin d’apprendre. Apprendre nécessite de faire des hypothèses, d’essayer, de tester, d’être corrigé(e), d’ajuster son hypothèse, de réessayer pour au final réussir. La réussite ne se produit pas toujours dès le premier essai. Parfois, on pense qu’on a la réponse et on a tout faux. Parfois, on croit qu’on va pouvoir parler et on dit tout de travers.

Ce n’est pas grave. C’est inconfortable, mais ce n’est pas grave.

Je vous invite donc à essayer de bien faire la différence entre moments d’inconfort (qui sont normaux et inévitables), et découragement (qui est plus dangereux car pourrait vous amener à arrêter d’apprendre).

Apprendre une langue quand on est un adulte amène inévitablement des moments d’inconfort. Il est important d’avoir cette information en tête. Il est important de prendre du recul en comprenant que c’est normal et il est important d’avoir une bonne relation avec votre enseignant(e) de façon à pouvoir être aidé(e) face à cet obstacle. Et si votre situation vous semble trop compliquée à gérer, sachez que des outils existent et qu’il est possible de trouver du soutien pour mieux vivre votre apprentissage.

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