Je vous propose de nous intéresser à deux « paronymes » (les paronymes sont ces mots relativement embêtants, qui se ressemblent fortement mais ont des sens différents). Les paronymes, certains adorent (en général les étudiants qui aiment apprendre des listes de vocabulaire), d’autres les détestent (globalement tous les autres étudiants !).
Les paronymes sont souvent source d’hésitation et de confusion et ils peuvent parfois donner le sentiment de se trouver devant une montagne insurmontable.
Allez, c’est parti! Éclaircissons un mystère linguistique de plus et progressons en français !
Adhérer à
Le verbe « adhérer » signifie :
- Coller, au sens propre
- Être d’accord, partager un point de vue, au sens figuré
Il s’emploie suivi de la préposition « à » :
- J’adhère à votre point de vue, je pense également que cela ne peut plus durer.
- J’adhère complètement à son programme, je pense que je vais voter pour lui.
- Ils ont adhéré à notre association.
- Le dessin devrait adhérer à la tapisserie puisque j’ai mis une pointe de colle, mais il ne tien pas, c’est énervant.
- Appuie plus fort si tu veux que ça adhère bien au mur.
Attention !
Du fait de l’emploi de la préposition « à », lorsque l’on utilise un pronom, il faut employer le pronom « y » :
- Je lui ai présenté mon projet et il y a complètement adhéré : il a complètement adhéré à mon projet.
- Le club de philatélie ? J’y ai adhéré pendant des années, mais maintenant je n’ai plus trop le temps de m’y consacrer.
Le verbe adhérer peut donc s’employer au sens propre (coller), comme au sens figuré (être d’accord). De ces deux sens sont nés deux noms.
L’adhérence : coller au sens propre
- J’ai acheté ces pneus car ils ont une meilleure adhérence sur la route et je veux être en sécurité quand je roule.
- Si tu veux une bonne adhérence entre les morceaux, il faut les laisser bien serrés pendant 24 heures.
- J’ai acheté un nouveau rouleau adhésif mais il n’a aucune adhérence. Mon poster passe son temps à tomber et moi je passe le mien à le remettre en place.
L’adhésion : être d’accord, sens figuré
- J’ai assisté à une réunion et je dois dire qu’il a totalement remporté mon adhésion. Je suis d’accord avec tout ce qu’il propose.
- Si je n’ai pas l’adhésion de mes voisins, je ne pourrai pas planter de haie entre nos maisons.
L’idée « d’adhérer à » une idée, un projet, un concept, une vision du monde a donné par extension « l’adhésion » comme synonyme « d’inscription » à un club ou une association.
L’adhésion : l’inscription
- Pour faire partie du club, il faut payer une adhésion à l’année qui s’élève à 90€.
- Si vous prenez l’adhésion à notre association, vous pourrez essayer une activité différente chaque mois.
- J’ai pris une adhésion à mon cinéma de quartier, comme cela je paie bien moins cher chaque ticket. Et comme j’y vais souvent, je fais des économies !
Pourquoi les paronymes sont frustrants
Il en est des paronymes comme de tout point relativement délicat quand on apprend quelque chose : ils peuvent nous frustrer, nous décourager, nous donner le sentiment d’une montagne infranchissable face à nous.
Ils peuvent nous renvoyer à une impression de difficulté, de surcharge d’apprentissage. On peut rapidement se prendre à penser qu’ils ne servent qu’à compliquer inutilement un apprentissage qui est déjà complexe.
Ils peuvent générer un sentiment de frustration.
Et un tel sentiment, qu’il soit de frustration, d’énervement ou de découragement face aux apprentissages est normal. Quand on étudie, quand on est dans un rôle d’apprenant, on n’est pas toujours dans une place qui nous satisfait.
Il se peut que, dans notre situation d’apprenant, on doive renoncer à certains privilèges de notre vie quotidienne. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on est probablement déjà un adulte accompli, autonome, un adulte qui a sa place dans la société, qui a un travail, qui peut s’exprimer correctement. Et puis, quand on se retrouve dans la situation d’un apprenant, on peut alors devoir faire face à des difficultés délicates à gérer.
Quand on est déjà sorti de l’école et qu’on a terminé ses études, on n’a pas forcément envie, après une journée de travail, d’avoir à se faire embêter par des paronymes qui décidément, ne veulent pas rentrer dans notre tête.
De là, un sentiment de frustration, d’énervement et parfois de découragement.
Alors, faites une petite pause.
Apprendre, ne doit pas être synonyme de mauvais moments, de découragement. Je pense que trop souvent, l’apprentissage d’une langue étrangère quand on est adulte peut être perçu comme inconfortable, voire menaçant. Or, il n’y a aucune raison pour que votre apprentissage se passe comme cela.
Vous êtes frustré(e), énervé(e), découragé(e) ? Faites une pause. Laissez-vous le temps de reconnaître vos sentiments. Acceptez que, oui, vous êtes un peu sur les nerfs avec toutes ces choses à apprendre et cette fatigue à gérer. Allez vous faire un thé ou un café et respirez un grand coup.
Souvent, lorsque l’on se sent mal, on a tendance à vouloir se débarrasser de ce qui nous gêne. Pour cela, on va essayer d’apprendre coûte que coûte pour pouvoir en finir avec ce qui nous stresse. Mais c’est là malheureusement la meilleure façon de s’enfoncer encore plus dans son malaise, en forçant, en apprenant encore plus afin d’en finir alors qu’on n’en peut déjà plus.
Le problème avec cette approche, c’est qu’on ne peut pas intégrer correctement de nouvelles données, quand la plupart de notre énergie mentale est absorbée, littéralement pompée, par de la frustration ou de la peur. C’est pour cela que je veux souligner l’importance de faire une pause. Et encore plus quand on apprend une langue en tant qu’adulte. On a sa journée, son travail, sa famille, et par-dessus tout cela, il faut ajouter de la grammaire et du vocabulaire.
Ce que je veux vous dire ici, c’est de vous ménager, de faire attention à vous. Apprenez lorsque vous vous sentez bien, apprenez lorsque toute votre énergie mentale est disponible et peut être dirigée vers votre apprentissage.
Apprenez à apprendre positivement, soyez plus doux envers vous. J’ai vu trop de mes étudiants se martyriser, se fatiguer, pour au final ne pas parvenir à apprendre correctement.
Mais que risquez-vous ? D’arriver en cours en n’ayant pas mémorisé votre vocabulaire ? En n’ayant pas fait vos exercices ?
Et alors ? Quel est le risque ? Vous les apprendrez le lendemain quand vous vous sentirez mieux, c’est tout.
Alors le conseil du jour est celui-ci : apprenez dans un contexte positif. Travaillez à vous créer un environnement serein afin d’apprendre correctement. Quand vous sentez que la coupe est pleine ou que votre cerveau va déborder, faites une pause, les paronymes ou la conjugaison ne vont pas s’envoler et il est inutile de s’acharner à apprendre dans de mauvaises conditions.
Souvenez-vous qu’apprentissage doit rimer avec moment positif, sinon, ce que vous ferez rentrer par l’oreille gauche… ressortira aussitôt par l’oreille droite.