En expatriation ou face à un expatrié, un conseil “suivez le guide”

Cette semaine, deux occasions m’ont fait sourire et amenée à vous parler de ce fameux “suivez le guide”.

Tout d’abord, il y a eu le post Linkedin de Chloé Le Gouche sur les remarques faites aux expatriés, du style “toujours en vacances”, “tu as la belle vie”.

Bref, les remarques que tout expatrié a maintes fois entendues et qui m’ont vraiment bien fait rire, alors qu’à l’époque où on me les disait, ça avait plutôt tendance à m’agacer, au point qu’un jour j’avais répondu à une amie “mais tu sais, même à l’autre bout du monde, il faut quand même passer l’aspirateur”. Je me souviens de sa tête à ce moment, on aurait dit qu’elle avait été foudroyée ou qu’elle avait vu un fantôme. En bref, elle était tombée des nues et avait commencé à comprendre que l’expatriation n’était pas une forme de vacances, mais bien une forme de vie à l’étranger.

Bref…

Et puis, toujours cette semaine, j’ai emmené mes étudiants enregistrer un entretien sur leur expérience en France, leur vision de la France, leur choc culturel. L’animateur (plein de bonnes intentions au demeurant) n’a pas pu s’empêcher, plusieurs fois, de plaquer sur ces étudiants des idées préconçues sorties tout droit de son cerveau. Et cela m’a fascinée à observer.

Mes étudiants colombiens et chiliens ont eu droit à “pour nous en France, le repas c’est important, et le repas en famille le dimanche aussi, alors que chez vous, le repas c’est juste pour se nourrir”. Ensuite, un étudiant chinois a eu droit à “ah bon ! On peut fumer en Chine, pourtant je pensais que tout était interdit”.

Autant vous dire que j’ai admiré le calme et le savoir-vivre de mes étudiants qui ont su répondre posément à ce festival de clichés 🙂

D’où le titre de ce billet “suivez le guide”.

Car lors de ces entretiens, si l’animateur s’était arrêté à : “pour nous en France, le repas c’est important, et le repas en famille le dimanche aussi”, et avait simplement enchaîné avec une question “et chez vous c’est comment ?”, cela aurait complètement changé la dynamique de l’interaction. Il ne se serait pas posé en pseudo-connaisseur qui au final n’y connaît pas grand-chose, mais aurait fait preuve d’intérêt et d’humilité.

Idem avec l’étudiant chinois, il aurait pu faire part de son étonnement, certes, mais faire aussi part de curiosité et d’ouverture d’esprit au lieu d’asséner son stéréotype.

Bref, tout cela pour vous dire qu’en situation interculturelle, la prudence est de mise.

Ne vous positionnez pas en tant que guide de “l’autre”, ne pensez pas être celui qui connaît mieux la culture brésilienne que le Brésilien (tout cela parce qu’il y a passé deux semaines de vacances), ni comme celui qui sait “comment on fait en Chine” (parce qu’il a vu plusieurs reportages sur ce pays).

Non, soyez prudent, laissez votre guide vous guider. Ne commencez pas par lui expliquer sa propre culture. Posez-lui des questions, ce sera bien plus efficace et constructif et vous ne passerez pas pour un ignorant-arrogant.

Et dernière chose, gardez à l’esprit que pour vous qui rencontrez cette personne une fois, c’est “juste une question”. Mais, pour cette personne, c’est le même genre de questions qui revient à chaque nouvelle rencontre, et cela fait beaucoup quand on les additionne sur un mois ou un an… 

Alors, souvenez-vous, suivez le guide. Et le guide, ce n’est pas moi, ce n’est pas vous, c’est celui qui est natif de sa propre culture 🙂 

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