Bonjour à tous, je suis très contente de vous retrouver comme chaque semaine.
Et une fois n’est pas coutume, je vais consacrer ce billet à vous apprendre un peu plus de vocabulaire français à travers un « coup de gueule » très personnel, mais je l’assume.
Pousser un coup de gueule
Pousser un coup de gueule est une expression familière (le mot « gueule » est à employer en faisant attention) qui signifie : râler, faire entendre son mécontentement, crier haut et fort notre insatisfaction ou colère.
Faites bien attention à employer « coup de gueule » avec le verbe « pousser ». On ne « dit » pas un coup de gueule, on ne le « crie » pas non plus, on le « pousse ». Cela évoque le caractère fort et assez violent d’une réaction spontanée. On pousse un coup de gueule sous le coup d’une émotion, quand on est face à quelque chose qui nous semble cynique, injuste, indécent ou hypocrite.
Pour en revenir à mon histoire de « coup de gueule », ce matin, en jetant un coup d’oeil à l’actualité (afin de chercher du contenu pour ce blog et pour mon site d’activités de FLE), je suis tombée sur l’un des gros titres (ou une « une ») de la presse qui était (en résumé) : « J’ai quatre enfants à nourrir et moi aussi je suis très touché par l’inflation ».
Pleine de compassion et d’empathie pour ce Français père de famille nombreuse touché par l’inflation, je regarde l’article de plus près. Et là, stupeur ! Non, ce n’est pas du tout « Monsieur tout le monde » qui s’épanche, qui pleure sur son sort et qui se désespère des fins de mois difficiles à boucler. Pas du tout !
Il s’agit en fait de Bruno Le Maire… ministre de l’économie !!!!!!!
Un ministre qui vient expliquer aux citoyens français que les fins de mois sont difficiles !!!! Et qu’il achète beaucoup de paquets de pâtes pour nourrir tous ses enfants, et que ça lui coûte cher !
Vraiment ! Vous croyez sincèrement que ce « brave ministre » va lui-même acheter des pâtes pour nourrir sa progéniture ? J’ai une chance de le croiser en faisant mes courses au supermarché du coin ? Sait-il seulement ce que c’est que de pousser un chariot dans les allées d’un supermarché avec 4 enfants qui courent de partout, veulent ceci, réclament cela, le tout en faisant attention à ne pas dépasser un budget très serré ? Les factures sont-elles difficiles à payer ?
Je doute fortement qu’il soit vraiment impacté par l’inflation. Mais sait-on jamais. Bref, je m’égare (la passion m’égare !). Voilà donc pour mon « coup de gueule » du jour 🙂
Et toujours est-il qu’en lisant ce titre de journal, je n’ai pu m’empêcher de penser que vraiment, à travers les propos de ce ministre, on voyait apparaître le mépris général des élites de nos sociétés envers les citoyens de base. J’ai commencé par rire jaune (petit rire nerveux qui n’est pas causé par de la joie), et je me suis dit : « c’est l’hôpital qui se fout de la charité ».
C’est l’hôpital qui se fout de la charité, connaissez-vous cette expression ?
« C’est l’hôpital qui se fout de la charité » est une expression que l’on emploie pour signifier que c’est totalement absurde, que les rôles sont inversés, que ça ne tient pas debout et que c’est plutôt malhonnête.
Autrefois, l’hôpital (les hospices) accueillaient les personnes pauvres, les citoyens les plus démunis. Quand on en avait les moyens, on se faisait soigner chez soi. L’hôpital avait donc un rôle social important, un rôle de « charité », cela faisait partie de sa mission. Ainsi, pour mener à bien sa mission, l’hôpital devait respecter le concept de « charité ».
Or, quand l’hôpital commençait à « se foutre de la charité », c’est-à-dire à s’en moquer, ne plus la respecter, ne plus y accorder d’attention, il perdait ses valeurs, il perdait sa mission.
C’est dans ce sens que cette expression est passée dans le langage courant. Quand on dit que « c’est l’hôpital qui se fout de la charité », on insiste sur le cynisme d’une action ou d’une personne qui dit ou fait des choses qui sont contre le rôle qu’elle est censée avoir. Quand l’hôpital se fout de la charité, il y a également de l’hypocrisie.
C’est la raison pour laquelle j’ai vraiment pensé, en entendant les propos de ce ministre, que là, vraiment, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité 🙂
Quelques exemples :
- Il y a une inflation galopante et ce ministre vient de dire que le pouvoir d’achat des Français avait augmenté ! Vraiment ! Alors là, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.
- Il me dit de faire des économies pendant que lui, il est constamment à découvert et il vit grâce à des crédits à la consommation ! C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité.
- Il y a quelques années de cela, la presse avait révélé que le ministre du budget de l’époque, qui prônait la transparence et l’honnêteté, avait lui-même des comptes bancaires en Suisse ! Tu ne trouves pas que c’est l’hôpital qui se fout de la charité ?
- Ma voisine m’a accusé de détruire l’environnement parce que j’avais mis le mauvais emballage dans la poubelle à recycler, alors qu’elle, chaque jour, elle s’achète de la nourriture industrielle suremballée, pleine de plastique qui détruit la planète et ça ne la dérange pas ! Je trouve que c’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Et voilà, j’ai poussé mon coup de gueule et vous avez appris du vocabulaire. Tout va bien et je vous souhaite une excellente journée.
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